SESSION DU BUDGET PRIMITIF 2012 – Intervention de Philippe Hervieu – Lundi 12 Décembre 2012

Monsieur le Président, mes cher(es) collègues,

 

Je voudrai aborder les 3 principaux éléments de contexte de cette session budgétaire

La reforme des collectivités, la question de la dette et du déficit, ainsi que mes négociations de  Durban

 

A propos de la reforme des collectivités voulu par le Président de la République,

C’est peut-être bien la dernière fois aujourd’hui que nous pouvons aussi librement, ouvertement, débattre du budget de notre collectivité et des politiques que nous mettons en œuvre pour les Bourguignons.

Si j’ai bien compris la réforme portée par Monsieur Sarkozy, notre assemblée n’aura bientôt plus raison d’être… Sans ressources propres, contraintes à n’intervenir que dans quelques domaines, elle n’aura plus les moyens de faire de la politique tout simplement et ne sera plus qu’un service déconcentré de l’Etat. Le fait régional aura vécu.

 

Et ceci, je le dis fermement, ceci est très mauvais pour la Bourgogne et pour la France,

 

D’un point de vue démocratique cela ne va pas dans le sens de l’histoire. Les Bourguignons, comme tous les habitants de ce pays veulent être près des lieux de décision pour être entendu et agir dessus s’il le faut. Les sujets environnementaux en sont d’ailleurs le meilleur exemple.

 

D’un point de vue économique, cette réforme est aussi mauvaise car elle empêche les Régions de jouer leur rôle d’acteur de proximité créateur de synergies entre la recherche, l’innovation, les entreprises et impactant de ce fait l’emploi comme le cluster éolien par exemple…

J’ai travaillé plusieurs années avec l’Allemagne, et j’ai acquis la conviction que le dynamisme de leurs PME était dû à leur proximité avec deux instances majeures et décisionnaires : les banques régionales et les lands.

La France via M Sarkozy est de nouveau en proie à une bouffée de jacobinisme politique dont les productions ont toujours été des échecs, du procédé secam en passant par le minitel ou le nucléaire.

A ce sujet, je voudrais rappeler que le tout nucléaire, exemple même d’une politique descendante, centralisée, décidée de manière non démocratique met l’emploi Bourguignon dans une situation de dépendance dangereuse à l’heure où le monde rejette en bloc cette technologie.

J’attire l’attention de tout le monde sur le fait que c’est aujourd’hui même que le Président d’Areva, M Luc Oursel, va annoncer son  plan de restructuration et de licenciement ;

Espérons tous que la Bourgogne ne sera pas concernée.

 

Deuxième élément de contexte de notre session, c’est bien sûr celui du déficit budgétaire et de la dette de la France.

Difficile de ne pas aborder ce sujet qui nous impacte directement au moment de notre débat sur le budget

Je voudrai dire simplement que nous ne sommes pas victimes d’une fatalité, d’une loi inexorable de l’économie mais de la conception libérale de l’économie appliquée aux politiques économiques des Etats et à l’Europe.

Car c’est bien une vision erronée de l’économie qui impose que la Banque centrale européenne ne puisse pas être prêteuse en dernier ressort, qu’elle ne puisse pas émettre d’Euro bonds, qu’elle ne puisse pas monétiser d’une manière ou d’une autre la dette des états,

Et qui fait en sorte que les Etats ne puissent emprunter qu’aux marchés, c’est-à-dire à ceux qui ont de l’argent à prêter, c’est-à-dire aux riches. Emprunter aux riches plutôt que de leur faire payer des impôts, voilà  l’idée centrale!

Et comme cette même vision libérale a imposé en même temps à l’Europe d’avoir une monnaie commune sans avoir de dettes communes,

J’ai l’intime conviction, chers collègues, que nous sommes dans la seringue conduisant inexorablement à la récession.

 

Un exemple concret dans notre session d’aujourd’hui.

Les canaux font partie de notre patrimoine régional, de nos paysages et de notre identité bourguignonne.

Si j’ai bien compris, vous allez annoncer, M. le Président l’abandon de l’expérimentation sur les canaux.

Le groupe EELV regrette sincèrement que notre région n’ait pas l’autonomie financière suffisante pour  valoriser ce patrimoine fort de perspectives économiques e touristiques et que l’Etat ne mette pas tout en œuvre pour permettre ce transfert dans les meilleures conditions.

 

 

Je terminerai par ‘’Durban’’ mes cher(es) collègues, car

L’onde de choc de l’échec de ce sommet touchera aussi malheureusement les Bourguignons.

 

Je rappelle pour ceux qui n’ont pas encore suivi l’actualité récente ce qu’il s’est passé à ce sommet terminé à 4h du matin  hier Dimanche.

Tous les Etats ont signé un accord. Que dit cet accord ?

Qu’il faudra ce mettre d’accord avant 2015. Et que cet accord  à signer avant 2015 devra s’appliquer à partir de 2020. Certains commentateurs ont appelé çà un accord à minima.

D’autres plus sévères ont appelé cela un échec. Moi, j’appelle çà un crime contre l’humanité

Les responsables de l’échec de Durban ont commis un crime contre l’humanité

Alors certes le processus est sauvé mais pas le climat. Il y aura désormais un avant et un après DURBAN. Avant il restait l’espoir que le monde puisse s’entendre sur cette menace commune qu’est le changement climatique. Mais non, les forces qui nous dominent ont tranché.

Fini l’objectif de ne pas dépasser les 2 degrés d’augmentation de la température moyenne du globe à la fin du siècle et voguons gaiement  vers 4, 5, 6° d’augmentation.

Peu importe les submersions des iles et des deltas, peu importe les cyclones les sécheresses ou les inondations, et leurs inévitables conséquences sanitaires, sur les cultures et la biodiversité,

Tout cela n’est donc pas si important

Il est intéressant de noter dans cette affaire que les lobbies et les Etats allies pour que rien ne changent sont les EU,la Chine, l’Inde etla Russie…c’est-à-dire des pays qui ont des fondements idéologiques bien différents mais qui sont ceux qui dominent le monde aujourd’hui

Pourquoi ces ennemis politiques et géopolitiques s’entendent-ils sur ce sujet du climat ?

Et bien, c’est simple, c’est parce que la logique de l’écologie oblige à de profonds changements et donc bouleverse les équilibres et menace les pouvoirs en place.

L’écologie oblige à penser une autre économie, un autre mode de production, de consommation…

L’écologie nous oblige à imaginer un autre monde.

L’écologie impose un new deal planétaire

Et ce new deal, les allies, lobbies et Etats, pour que rien ne changent en ont peur car c’est une révolution qui  met en péril leur hégémonie

La vraie question qui planait  au dessus de Durban, est : qui va sortir gagnant du NEW DEAL écologique ?

Les états et des lobbies qui nous dominent ont tranché : Il vaut mieux sauver sa tête plutôt que sauver la planète.

 

Je vous remercie

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