AREVA n’a pas besoin d’un plan d’austérité, mais d’un plan de reconversion

Le leader mondial français du nucléaire vient de dévoiler un plan de restructuration baptisé « Action 2016 ».

Luc Oursel, le président du directoire d’Areva, n’use du terme de « licenciements » que pour ses filiales à étranger… comme si l’information, en soi, devait nous rassurer. Il apparaît cependant qu’Areva prévoit, pour la France, de ne pas remplacer les départs naturels sur les cinq prochaines années. Au total, près de 1 200 postes ne seront donc pas pourvus. Qui plus est, Monsieur Oursel devra s’attendre à de difficiles négociations syndicales puisqu’il porte, en plus, l’idée d’un gel de salaires.
Ici en Bourgogne, les 2300 salariés employés par Areva en Saône-et-Loire ont de sérieuses raisons de s’interroger. Le site de St Marcel est déjà engagé dans un vaste plan de réduction d’effectif (95 postes par redéploiement interne sur la base du volontariat) et la sous-charge de travail pèsera de tout son poids pour l’année qui vient.
Areva mise sur un marché dépassé. Un à un, nos voisins, Italie, Belgique, Allemagne, Espagne abandonnent le nucléaire. Quant à la France, elle évolue plus lentement, mais le débat est sur la place publique.  Bref, les commandes chutent, l’opinion publique a changé, les temps ont changé.
Il est encore temps de sauver les emplois et de redynamiser le secteur. Cette nouvelle étape passe par les énergies renouvelables, mais aussi, et de manière très concrète, par une évolution des métiers du nucléaire.
Dans un tel contexte, comment croire qu’Areva va continuer à former dans notre région des jeunes aux métiers de la soudure, de la chaudronnerie alors que l’entreprise n’a plus les moyens d’embaucher ? Comment croire que le groupe ne va pas perdre du terrain dans la maîtrise technologique, le développement de compétences et la transmission de savoir-faire, facteurs au combien importants à l’heure où une exigence accrue en termes de sécurité des installations est de mise ?
Ce n’est pas d’un plan d’austérité dont les salariés ont besoin, mais de beaucoup d’attention et d’un plan de reconversion. En Bourgogne, le savoir faire et les compétences de notre industrie métallurgique sont depuis trop longtemps monopolisés sur la production nucléaire.
A trop vouloir s’entêter, le Pôle nucléaire bourguignon, a mis tous ses œufs dans le même panier. Tchernobyl et Fukushima sont là pour nous le rappeler : le nucléaire est un pari fou pour l’humanité, il ne mérite plus d’être tenu.  C’est aussi – ce plan d’urgence en est la preuve –  un pari économique à courte vue,  bien mal engagé désormais.

Philippe HERVIEU

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