Intervention d’Alain Cordier, président de la commission Transports sur le budget transports en 2011
Les écologistes ont toujours plaidé dans cette assemblée régionale pour une cohérence de l’ensemble de nos interventions, qui mette la Bourgogne sans retard en bonne position dans les indispensables mutations vers un développement durable. Le débat budgétaire sur les transports est le plus important en masse que nous ayons à mener lors de la mise en place de ce budget 2011 avec plus de 223 millions d’euros prévus.
MAINTENIR ET AMPLIFIER L’EFFORT POUR LES TER
Avec près de 148 millions d’euros prévus en crédits de paiement le budget des TER reste important, certes, mais parmi les ajustements réalisés dans l’offre (c’est le nom technique pudiquement utilisé pour ce que l’usager appelle « suppression de train » ou bien parfois « remplacement de mon train par un car ») le groupe Europe Ecologie Les Verts a distingué deux démarches différentes.
– Nous avons approuvé et voté certains ajustements correspondant à des motrices diésel qu’il était peu écologique de faire rouler pour un très petit nombre de voyageurs.
– Nous avons refusé de voter le dernier avenant à la convention Région-SNCF qui prévoyait des suppressions de trains fréquentés par 30, 40, à certaines dates encore plus de voyageurs, sur des lignes électrifiées, notamment de Dijon à Bourg en Bresse.
Nous plaidons pour une extension de l’offre ferroviaire, qui permette de continuer à faire progresser une fréquentation des TER qui a déjà augmenté de 60% en dix ans au niveau national, qui évite de donner un coup d’arrêt à cette progression.
Pour la même raison, nous plaidons pour le maintien de l’effort de modernisation et de remplacement du matériel. Nous avons déjà défendu ici la nécessité absolue d’une commande de trains à grande capacité, seuls capables de répondre à la demande, notamment pour les dessertes en direction de Paris. Or le document budgétaire soumis à notre approbation parle de l’achat « éventuel » de matériel roulant – des porteurs hyperdenses.
Comment maintenir, avec un budget contraint, cet effort en faveur des TER ? L’avis de notre groupe est que le choix politique majeur, déterminant, est l’abandon du financement des transports polluants, gaspilleurs, que nous combattons dans cette assemblée depuis que les électeurs y ont envoyé des élus écologistes
DE TRES CHERES LIGNES NOUVELLES
Quand cessera-t-on les gaspillages d’argent, de territoires, de biodiversité, liés à ces projets de TGV sur lignes nouvelles ? Qui croit encore à l’avenir des branches ouest et sud du TGV Rhin Rhône? Le Président Patriat lui-même a reconnu que la branche sud était enterrée. Que d’argent gaspillé en études inutiles ! Ne renouvelons pas cette erreur pour le TGV « POCL » et étudions sérieusement toutes les possibilités de modernisation des lignes existantes. C’était d’ailleurs la position initiale de notre assemblée, au sujet de la branche sud, il y a bien longtemps, avant qu’on ne s’engouffre dans ces efforts financiers énormes demandés aux régions.
Les choix faits en Allemagne pour des liaisons entre villes à 220 ou 240 km/h, cadencées, fournissent finalement à l’usager une meilleure offre, y compris sur le plan de la vitesse réelle, que nos lignes nouvelles tracées pour des pointes de vitesse, et arrivant dans des gares isolées et difficilement accessibles.
CESSONS DE CREUSER UN GOUFFRE BUDGETAIRE POUR LES ROUTES.
La voiture coûte cher, le prix de l’essence qui avait déjà augmenté de 40% en dix ans s’envole à nouveau, et la rareté de la ressource provoquera fatalement très prochainement des hausses dramatiques pour les foyers les plus modestes. 20% des familles n’ont pas de voiture. C’est le mode de transport le plus polluant et le plus énergivore avec le transport aérien. Les maladies liées à la dégradation de la qualité de l’air ainsi induites explosent, l’asthme notamment, qui frappe tout le monde mais qui est dramatique pour les jeunes enfants et les personnes âgées.
Je prendrais le courrier envoyé par l’association TRAM (Trains Régionaux de l’Autunois-Morvan) pour illustrer mon propos.
Depuis de nombreuses années, quotidiennement jusqu’au 12 décembre dernier, un certain nombre de scolaires comme de jeunes salariés handicapés de l’E.S.A.T. (Etablissement Spécialisé dans l’Aide par le Travail) d’Autun, empruntaient le TER 892801 départ d’Autun 17h33 puis le TER 893133 de 18h11 à Etang en direction du Creusot, Montchanin et la vallée de la Dheune.
Pour la plupart de ces personnes, le TER reste le « SEUL et UNIQUE » moyen de transport.
Il y a plusieurs manières de présenter les chiffres. J’adopte à dessein celle du Président s’exprimant devant le CESER : le budget routier passe de 5,5 à 25,195 millions d’euros. Il n’y a plus que deux régions en France qui financent les routes, mais avec cette augmentation de 358% quand bien des budgets stagnent ou régressent , c’est inadmissible pour les écologistes, c’est inadmissible pour tous ceux qui entendent préparer sérieusement la région pour qu’elle affronte sans douleur les évolutions économiques incontournables. On ne peut plus, on ne doit plus consacrer 11% de notre budget des transports aux routes, qui en outre ne sont pas de notre compétence.
Nous proposons un amendement consistant à supprimer les postes suivants:
- Déviation de Moiry 8210 AA : CPI 2,55 millions d’euros
- Rocade de Beaune 8231AA : AP 5,3 millions d’euros, CPI 1,05 million d’euros
- Rocade de Sens 8232AA : AP 5,5 millions d’euros, CPI 0,55 million d’euros
NON AU PROJET « RENAISSANCE »
Force est de constater que notre soutien à l’aviation civile, lui non plus, ne connaît pas la crise avec une augmentation elle aussi incroyable par les temps qui courrent : + 147 %. On multiplie par deux et demi, pour ceux à qui un tel pourcentage parle mal, passant en chiffres ronds de 1 à 2,5 millions d’euros !
Nous ne reprendrons pas notre argumentation sur le projet « Renaissance », nous vous en avons parlé souvent, en détail.
Les solutions existent pour des transports moins polluants, pour la diminution des transports inutiles, pour le développement des transports en commun, les plus créateurs d’emploi.
Nous proposons un amendement consistant à supprimer les postes sur l’aviation civile.
Alain Cordier a rappelé que l’engagement de la Bourgogne sur des projets routiers ne relevait pas des compétences de notre collectivité et privait nos politiques de 25 millions d’euros qu’il aurait été plus utile d’investir dans la promotion des transports en commun. De même, le soutien au déficit récurrent de l’aéroport de Dijon Bourgogne relève selon les écologistes à la fois d’une aberration écologique et d’un gouffre financier.
Alain Cordier : « L’impact des transports aériens en termes de d’émission de gaz à effet de serre a des effets néfastes sur le dérèglement climatique. Cette activité annule pour partie les efforts menés par les collectivités locales pour réduire les taux d’émissions de gaz à effet de serre – c’est notamment le cas pour la Bourgogne, dans le cadre de son plan énergie climat. La promotion de l’activité commerciale des vols aériens, dont celle des vols infranationaux vient se substituer à des modes de transports en commun existants qui par ailleurs sont moins polluants (…) Le Conseil régional a pour priorité la gestion et la promotion du trafic TER et la modernisation du matériel roulant.»
Les amendements du groupe Europe écologie – Les Verts ont été rejetés tous les deux :
– l’amendement sur les routes par 6 voix pour, 45 voix contre et 6 abstentions
– l’amendement sur l’aviation civile par 12 voix pour, 45 voix contre.